
Aussitôt élu pape, le cardinal Robert Francis Prevost a choisi le nom de Léon XIV. Pourquoi ce choix ? La presse du diocèse de Butembo-Beni s’est penchée sur cette question afin d’éclairer les chrétiens sur la vision et les priorités du nouveau pontife. Ce vendredi 9 mai 2025, notre rédaction s’est entretenue avec le révérend abbé Tembo Tavulyandanda Emmanuel, canoniste et enseignant d’histoire de l’Église au grand séminaire de théologie Saint-Octave de Vulindi.
Selon lui, la succession au siège de Pierre, bien qu’elle puisse sembler similaire à d’autres processus, prend tout son sens à travers la vision que porte chaque nouveau pape.
«L’histoire de l’Église commence avec le Pape saint Pierre Apôtre, et à chaque fois qu’un Pape meurt, un nouveau Pape prend la succession de saint Pierre. Ce phénomène n’est pas quelque chose de fondamentalement nouveau ou très différent des autres formes de succession. La nouveauté réside dans le fait que chaque nouveau Pape apporte sa propre vision et ses priorités. On peut dire que le monde espère que ce dernier insufflera un nouveau souffle à l’Église. Vous savez qu’il succède à Léon XIII, qui fut Pape de 1878 à 1903. À l’époque, l’industrialisation de l’Europe en était à ses débuts. Il y avait un problème entre les classes sociales (la bourgeoisie et les ouvriers). Et il est clair qu’avec Léon XIII, il était nécessaire de s’attaquer à ce problème. C’est ainsi qu’en 1891, il publie l’encyclique très célèbre intitulée Rerum Novarum, qui peut être traduite par « Les Nouvelles Choses ». Dans cette encyclique, il critique le capitalisme cruel qui ne rend pas justice aux pauvres» ; a expliqué le révérend Abbé Tembo Tavulyandanda.
En ce qui concerne Léon XIV, l’abbé Tavulyandanda estime que son choix de nom est porteur d’un message fort. Il évoque un retour à l’esprit de Léon XIII, pape de 1878 à 1903, célèbre pour son encyclique Rerum Novarum (Les choses nouvelles), dans laquelle il défendait les droits des ouvriers et prônait la justice sociale. Le monde d’aujourd’hui, selon lui, connaît des défis similaires à ceux de l’époque de Léon XIII, notamment en matière d’inégalités et d’exploitation.
« Je pense que le Pape Léon XIV a choisi ce nom pour prolonger cette philosophie. Le monde dans lequel nous vivons actuellement ressemble à celui de Léon XIII. Il existe toujours des multinationales, des capitalistes qui exploitent les plus pauvres. Un exemple typique est celui de l’Afrique, qui continue d’être exploitée — et plus particulièrement notre pays — par des acteurs, parfois même nationaux, qui ne bénéficient en rien des richesses issues de l’exploitation minière réalisée ici, chez nous. Le Pape, dès son discours inaugural, a affirmé qu’il souhaite faire de la paix et de la justice sociale une réalité dans le monde. Il veut donc agir sur ce nerf social pour que la justice règne et que les fruits du travail humain profitent à tous », a résumé Monsieur l’Abbé Tavulyandanda.
Le choix du nom Léon traduirait ainsi une volonté de faire de la défense des plus démunis une priorité du nouveau pontificat. Pour l’abbé Tavulyandanda, ce geste exprime l’espérance d’un renouveau dans l’Église, guidé par la justice équitable et la solidarité envers les peuples marginalisés.
Originaire des États-Unis, Léon XIV a exercé au Pérou, en Amérique latine, avant d’être nommé préfet du Dicastère pour les Évêques par le pape François. Fort de son expérience dans des pays en développement, notamment la République Démocratique du Congo, il connaît les réalités des populations exploitées par les systèmes capitalistes. C’est pourquoi le formateur au Théologat de Vulindi appelle les fidèles à soutenir ce nouveau pape, qui aura sans doute la lourde tâche de défendre les peuples opprimés, en particulier dans les pays en voie de développement.
Justin Makayabo