
En période de conflit, la violence sexuelle est souvent utilisée comme une stratégie de guerre pour semer la terreur. Les femmes, en particulier, en sont les principales victimes, ce qui constitue une violation grave du droit international humanitaire et un crime contre l’humanité. L’Est de la République Démocratique du Congo, en proie à des affrontements armés récurrents, n’est malheureusement pas épargné.
À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, célébrée chaque année le 19 juin, Maître Maggy Panza a tiré la sonnette d’alarme. Elle s’est exprimée jeudi 19 juin 2025 au micro de la RTMCA-VUHIRA, pour rappeler l’ampleur de ce fléau.
Chargée de vulgarisation au sein de l’Organisation des femmes juristes pour les droits de la femme et de l’enfant, en ville de Butembo, elle a souligné l’utilisation délibérée des violences sexuelles dans les conflits armés : « Les violences sexuelles sont utilisées comme une arme de guerre. En temps de conflit, certains agresseurs s’en servent pour effrayer leurs adversaires. Par exemple, pour pousser les populations à fuir ou inciter les combattants à déposer les armes, ils violent les femmes de la région. Cela vise à semer la peur. Ces violences constituent des crimes, des crimes contre l’humanité, mais aussi des violations du droit international humanitaire. Les femmes en sont les premières victimes. Elles sont innocentes, elles ne participent pas aux combats, pourtant elles sont agressées par ceux qui les mènent. C’est véritablement un crime contre l’humanité. »
Selon Maître Panza, l’élimination des violences sexuelles liées aux conflits armés nécessite une double action : l’intervention des juridictions internationales, telles que la Cour pénale internationale, et l’application effective des lois nationales en vigueur en République Démocratique du Congo. Elle a notamment évoqué les audiences de flagrance organisées à la fois dans une optique judiciaire et pédagogique.Elle encourage également les survivantes à dénoncer ces actes, soulignant que cela constitue une première étape vers la justice et la réparation : « Il faut que ces lois soient réellement appliquées. Notre pays connaît déjà des textes comme la Résolution 1325, qui appelle à une protection spécifique des femmes et des jeunes filles en période de conflit. Certains auteurs sont connus et peuvent être poursuivis localement. Mais beaucoup de victimes n’osent pas dénoncer, par peur de l’exposition publique ou de représailles, même lorsqu’il existe des éléments de preuve. D’autres agresseurs ne sont pas identifiables, car ils se cachent dans la brousse. Et même quand les victimes les reconnaissent, elles préfèrent garder le silence, craignant pour leur sécurité. »
En conclusion, Maître Panza a rappelé que la Journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit revêt une importance cruciale. Elle met en lumière une réalité aussi grave que douloureuse, et doit interpeller l’ensemble de la société. Mais, selon elle, le plus essentiel reste la fin des conflits armés, principale source de ces violences.
Instituée par l’Organisation des Nations Unies le 19 juin 2015, cette journée vise à rappeler que la violence sexuelle n’est pas une conséquence « inévitable » de la guerre. Il s’agit d’une arme stratégique utilisée pour déstabiliser, humilier, déplacer des populations ou encore pratiquer un nettoyage ethnique. Elle appelle à une action urgente et coordonnée pour mettre fin à ce fléau.
Réginald Karem Been Vasambya